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La remise en question OUI, la remise en cause NON !




« L’homme n’aura jamais la perfection d’un cheval »

Baruch Spinoza






Nous aimons une image.


L’image de la personne que nous aimerions être et celle que nous aimerions renvoyer. Sans compter toutes les autres, comme celles qu’on nous colle à la peau.


Une nouvelle année commence et nous l’avons peut-être démarrée avec des bonnes résolutions. Des bonnes résolutions qui prennent racines sur une remise en question de nous-mêmes, de ce que nous faisons, de nos comportements, de nos désirs les plus profonds. Depuis plusieurs mois, je m’étais promis de mener une réflexion, et de la partager avec vous, sur la différence entre la remise en question et la remise en cause. Nous sommes début janvier, c'est l'occasion toute trouvée !


Les deux expressions, susnommées, sont employées indistinctement selon les situations pour évoquer un processus d’introspection qui permet d’analyser le passé, d’en comprendre les erreurs et de les corriger. La démarche est pertinente. Pourtant, nous ne sommes pas tous enclins à nous engager dans cette voie.


Sans doute faut-il y voir une résurgence de l’enfance. Lorsque certains adultes disaient à l’enfant « remets toi en cause », il s’agissait bien souvent d’une sanction globale de la petite personne en face de lui. La remise en cause était davantage une mise en cause.


Notre image en prenait un coup et nous nous promettions de ne plus nous mettre dans une situation délicate comme celle qui avait précédée.


Plus tard, le monde des adultes nous a encouragé à développer nos capacités de remise en question. La promesse étant que cette remise en question nous permettrait de nous bonifier, d’améliorer notre image. Souvent la promesse fut tenue.


A quel moment le dispositif s’est-il grippé ? Je suis certaine que vous avez votre idée. Je partage avec vous deux hypothèses.

La première, lorsque la remise en question est devenue une injonction permanente et quelquefois paradoxale. Ceux qui nous exhortaient à pratiquer l’exercice ne le faisaient pas pour eux-mêmes. Lorsque la remise en question était à sens unique ou à charge. Un sentiment d’injustice s’empare alors de nous, qui balayons courageusement devant notre porte, mais nous retrouvons seuls à le faire. La seconde lorsqu’il n’y avait pas de droit à l’oubli. Les réputations ont la vie dure, même lorsque la personne a fait un vrai travail sur elle-même. Il est quelquefois difficile d’admettre que l’on se soit trompé sur une personne, sous peine d’être obligé de se regarder soi-même.


Lorsque la machine s’emballe, nous ne sommes plus en train de nous remettre en question mais de nous remettre en cause. Nous sommes nos propres juges, plus intransigeants encore que notre entourage et nous perdons profondément confiance. Notre cerveau se met à tout mélanger, à grossir la moindre poussière. Il ne nous mène plus nulle part, si ce n’est à s’inquiéter de l’avenir.


Démarrer l’année pour nous dire, cette année je me métamorphose, cette année je fais table rase du passé, est une utopie. Notre avatar 2022 ne sera pas remplacé par celui de 2023, il n’a d’ailleurs aucune raison de l’être.


Savoir regarder son image dans le miroir, sans se remettre en cause, est notre plus grand défi.


Personne n’aime voir ses défauts dans la glace. Pour certains de ces défauts, nous ne pouvons rien faire. Pour d’autres, nous avons les ressources. Je vous concède, que ce n’est pas toujours agréable, ni aisé. La prise de conscience de notre image réelle peut être méchamment confrontante. Elle l’est encore davantage lorsqu’elle vient de nous et de nous seuls.


Je suis sincèrement attristée, lorsque j’entends des clients se déprécier eux-mêmes : « Je crois que je ne suis pas fait pour ce métier, pas fait pour manager ». Ce type de confrontation avec nous-mêmes nous conduit au repli et à la rumination. Nous ajoutons à l’échec le poids de la culpabilité, le poids du dénigrement de soi-même.


En travaillant sur ce texte, j’ai retrouvé deux citations encourageantes. La première, étonnante, de Baruch Spinoza : « L’homme n’aura jamais la perfection d’un cheval ». Ce mammifère au caractère souple et facile, capable d’une grande sociabilité, et faisant preuve d’aptitude à supporter les débutants en équitation. Cet animal que les adeptes du « Horse- Coaching » connaissent bien pour son pouvoir de refléter sans complaisance nos émotions. La seconde citation est de Salvatore Dali : « Ne craignez pas d’atteindre la perfection, vous n’y arriverez jamais ». Deux façons différentes de faire l’éloge du lâcher-prise et de l’acceptation de notre imperfection.


L’année commence donc avec une mauvaise et une bonne nouvelle. La mauvaise, nous ne serons jamais parfaits. La bonne, cela nous donne toute latitude pour nous regarder en face avec plus d’indulgence. Nul besoin de continuer de nous remettre en cause, nous sommes constitutivement des êtres en devenir. Ce qui ne nous empêche pas, tel Baruch Spinoza, banni de sa propre communauté en 1656, de trouver, dans toute occasion, une opportunité de s’approcher de la vérité. Questionner le monde autour de soi, se questionner : se remettre en question.


Petit outil assez court et efficace pour démarrer l’année et s’examiner dans le miroir : le questionnement ouvert. Enchainer une série de « 5 Pourquoi » jusqu’à trouver une pépite. La pépite étant la manifestation de la vérité : de quoi suis-je responsable dans cette affaire, de quoi ne suis-je pas responsable, comment faire différemment la prochaine fois.


Le miroir n’est plus un miroir aux alouettes. Il est fidèle à ce que nous sommes.


Pour 2023, je formule le souhait que la remise en question l’emporte toujours sur la remise en cause.

« L’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs »

Oscar Wilde

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EXERCICE COURT ET EFFICACE POUR DÉMARRER 2023

Les cinq pourquoi est la base d'une méthode de résolution de problèmes proposée dans un grand nombre de systèmes de qualité. Il s'agit de poser la question pertinente commençant par un pourquoi afin de trouver la source, la cause principale de la défaillance. Cette méthode de travail est surtout faite pour trouver la cause principale du problème rencontré. Avec cinq questions commençant par « pourquoi », on essaie de trouver les raisons les plus importantes ayant provoqué la défaillance pour aboutir à la cause principale.

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