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Devenir philosophe en un clic !




« On devient philosophe en lisant les philosophes »

Auteur inconnu







Devenir philosophe en un clic, une promesse qui va avec notre temps. Un vœu pieux chaque fois que nous sommes confrontés à la réalité d’une situation déplaisante et aux injonctions de notre entourage, comme celles qui nous exhortent à prendre du recul.


Devenir philosophe en se faisant tatouer sur le bras la phrase de Friedrich Nietzsche dans « Ainsi parlait Zarathoustra » : « Ce qui ne me tue pas, me rend plus fort », et pourquoi pas !


Cette phrase est à l’origine de bien des malentendus. Nietzsche a écrit ces mots à la première personne. Il ne prônait pas une démocratisation de la résilience aveugle et sourde aux ressources personnelles de chacun. Tandis qu’il s’exprimait de manière intime, sa pensée a infiltré notre intimité au passage, sans qu’il ne prétende nullement donner de leçons à quiconque. Il s’est débattu contre l’adversité, car toute sa vie a été jalonnée d’épreuves : son père meurt lorsqu’il a quatre ans, artiste contrarié il est poussé dans des études de théologie qui ne lui correspondent pas, son premier livre est très mal accueilli, ses étudiants désertent ses cours de philologie, ses migraines invalidantes marquent la fin de sa carrière d’universitaire, sa grande histoire d’amour sera une désillusion, son cerveau l’abandonnera et le fera sombrer dans des accès de démence précoce. A trente-cinq ans il écrira : « ¾ de douleur, ¼ d’épuisement voilà ma vie ».


Alors donc que faire de ce mantra ?


Je croise la route d’hommes et de femmes en entreprise depuis de longues années. Mon métier de coach me permet devous connaître, au-delà des simples apparences.Vous vous reconnaitrez plus ou moins dans ces pères ou ces mères d’enfants porteurs d’un handicap, dans ces parents d’enfants harcelés à l’école, dans ces blessures de l’enfance dont on ne guérit jamais complètement, dans ces trajectoires professionnelles sinueuses, dans ces vies de travailleurs modernes qui vivent à 100 à l’heure. Tous ces chemins ont fait de vous des hommes et des femmes plus sensibles, plus humains, plus forts. Ils vous ont donné du panache pour affronter la vie.


Un jour, pourtant, le réel se met à cogner plus âprement que d’autres fois. Ce jour-là vous restez abasourdi devant une réorganisation qui vous écarte du jeu, vous êtes démunis face à des attaques que vous n’avez pas vu venir, vous êtes vidés devant si peu d‘empathie ou d‘écoute. Que sont alors devenues vos ressources personnelles ? Ce jour-là vous aimeriez tant devenir philosophe en un clic et je vous comprends.


Ce jour-là, reprenez à votre compte un autre mantra entendu récemment « On devient philosophe en lisant les philosophes ». Nietzsche lui-même est entré en philosophie en lisant d’autres grands esprits de son temps. Dans la vitrine d’un libraire, il découvre un livre de Schopenhauer qui bouleversera son destin et sa carrière : « Je ne sais quel démon me souffla « rentre chez toi avec ce livre ». A peine dans ma chambre j’ouvrais le trésor que je m’étais acquis et commençais à laisser agir sur moi cette énergie ».


Dans le « Le Gai Savoir » Nietzsche développera le concept de «l’éternel retour». Un principe quiconsiste à vivre sa vie comme si elle devait durer éternellement et pour cela faire des choix en conscience et les chérir comme tels.


Lola Lafon, essayiste et romancière, nous suggère de renouer avec le collectif pour faire face à l’incivilité. Elle propose aussi une cohabitation plus sereine avec soi-même en cherchant ce sur quoi nous pouvons avoir prise : « On a tous un espace à accomplir ». Sa vision de notre destin s’inscrit dans celle du philosophe stoïcien Marc Aurèle : « Ce qui dépend de toi, c'est d'accepter ou non ce qui ne dépend pas de toi ».


Adèle Van Reeth, philosophe et femme de communication, trace quant à elle l’idée que nous naissons tous avec une fêlure, une perte en demande de consolation ultime. Elle défend l’idée que c’est précisément ce qui nous pousse à agir. Selon elle, la consolation est un processus qui conjugue en même temps des objectifs extérieurs, comme réussir sa vie professionnelle, et un travail intérieur : « Il s’agit de ne surévaluer ni l’accomplissement extérieur ni l’accomplissement intérieur ». La philosophie est souvent la voie du milieu, la voie du compromis et non pas de la compromission.


Conseil bibliographique

« Et Nietzsche a pleuré » roman d'Irvin D. Yalom

« Guérir la vie par la philosophie » de Laurence Devillairs


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